INTRODUCTION
Le
cirque, art vivant, fait partie intégrante de notre société.
Il
est le lieu privilégié de l’émotion et se révèle être un excellent
support d’éducation pour les jeunes.
Il
est pour cela capital de privilégier des normes de qualité. L’intérêt de
l’enfant, ses besoins, ses envies sont placés au cœur du système pédagogique
du Cirque d’Orge.
Notre
projet pédagogique vise ainsi à participer au renouveau du cirque en le
rendant accessible à tous et s’inscrit dans une démarche à long terme
soutenue par la Fédération Française des Ecoles de Cirque.
On
ne peut en effet oublier que les jeunes pratiquants d’aujourd’hui seront
certainement les spectateurs ou peut être, pour certains, les artistes ou
formateurs de demain.
Nul
doute en tout cas qu’ils en seront les citoyens, ce qui leur nécessitera
d’acquérir une capacité de réflexion construite sur des expériences
multiples, une autonomie, une connaissance de soi, une ouverture d’esprit, une
prise de responsabilité active, une acceptation et une écoute de l’autre,
une capacité de choix, une créativité propre, …
Autant
de notions qui s’insèrent, au dela d’un simple apprentissage technique,
dans notre approche de l’activité (détaillée ci-après).
Il
s’agit d’un travail de fond où les éducateurs se doivent d’être formés
et compétents.
N.B.
l’exposé ci-après suit comme plan :
Notre
vocation à faire découvrir le cirque sous tend une tache éducative globale
(I).
De
fait, les apports liés à l’activité sont multiples sous plusieurs
aspects :
Sur
le plan corporel (II),
Au
niveau comportemental (III),
Dans
une dimension artistique (IV).
Pour
cela, les méthodes employées jouent un rôle déterminant (V).
I) Orientations générales
· L’accessibilité à tous : l’activité s’adapte au pratiquant (et non l’inverse qui aboutit parfois à l’abandon voire au rejet).
Complète, elle est susceptible de répondre aux goûts de chacun tout en amenant à une polyvalence.
· L’absence de compétition : un objectif de maîtrise (capacité à exprimer sa créativité) prime sur tout objectif de résultat fixé par jugement ou arbitrage (mesure d’une performance).
Se sentir valorisé dans la réalisation d’un spectacle est propre à conserver ce plaisir de faire.
· La non-exclusion au sens large : elle passe par l’acceptation de l’autre et de ses différences, quelles qu’elles soient, dans les relations inter individuelles.
Réunir des personnes venant de différents milieux autour d’un projet collectif induit une communication et apporte ainsi une richesse à l’ensemble d’un groupe.
· L’idée que l’enfant est un individu à part entière. Toute action pédagogique vise principalement son développement harmonieux et l’épanouissement de sa personnalité
· La liberté d’expression : chacun donne son avis.
Remises en question et critiques constructives sont la base de toute évolution positive.
· L’encadrement par des animateurs possédant au minimum le Brevet d’Initiateur aux Arts du Cirque et les compétences pour mettre en œuvre ce projet pédagogique.
· Une pratique prenant soin de :
L’hygiène (sanitaires, vestiaires, propreté)
La sécurité à court terme (adaptation du matériel, aménagement d’un dispositif de sécurité adéquat aux situations pédagogiques proposées (tapis, longes, parade), téléphone, extincteurs, voies d’accès et issue de secours)
La santé à long terme (suivi médical, respect des données physiologiques et anatomiques de l’appareil locomoteur du pratiquant, notamment celles liées à la croissance)
II) Dominante motrice
Le mouvement est un besoin primordial pour tout être vivant.
La motricité met en jeu le squelette, les muscles, les articulations et les systèmes respiratoire, cardio-vasculaire et nerveux, pour permettre le mouvement volontaire, source d’élaboration du schéma corporel, de l’identité et aussi du développement intellectuel.
Des sollicitations motrices variées amènent à un développement sain et harmonieux de l’enfant.
C’est pourquoi nous attachons une importance particulière à une découverte polyvalente des Arts du Cirque, dont chaque discipline améliore des habiletés complémentaires.
A)
Le jonglage permet d’aborder les notions suivantes :
·
Le rapport aux objets
Le jonglage regroupe au sens large la manipulation d’objets pouvant être aussi divers que les foulards, les balles, les anneaux, les balles rebond, les massues, les diabolos, les bâtons du diable, les assiettes chinoises, les chapeaux, les boîtes à cigares, les gobelets, les cerceaux, les rubans, le bilboquet, la canne, le lasso, … et tout autre objet moins usuel)
Chacun peut trouver selon sa sensibilité son objet de prédilection et réinventer son utilisation (lancer-rattraper, tenir en équilibre ou dessiner des mouvements).
·
La capacité d’attention
Un tri pertinent dans la prise d’informations lors d’un exercice est obtenu par l’élargissement du champ visuel, le placement du regard et l’anticipation dans le geste.
Rechercher chez le pratiquant la concentration, la compréhension exacte d’un exercice, l’acquisition de représentations mentales et la capacité de verbalisation (pouvoir décrire en mots l’exercice demandé et la situation vécue), est facteur de progression.
L’attention est d’autant plus nécessaire lorsqu’il s’agit de coordonner son action à celle d’un partenaire lors d’une passe.
·
L’aisance corporelle
Fait de jeux d’adresse, le jonglage améliore la dextérité en expérimentant la coordination entre les membres (supérieurs, inférieurs et gauche, droite), le dosage de sa force, l’indépendance segmentaire (synchronisation, dissociation et isolation) , la coordination oculo-manuelle, la préhension et le temps de réaction.
L’automatisation d’un acquis permet d’évaluer le relâchement des tensions musculaires afin d’économiser son énergie et de libérer l’attention.
·
Le rapport à l’espace
·
Le rapport au temps
Un intervalle de temps donné peut toujours se décomposer en plusieurs sous intervalles :
Engager une action (ex : lancer un objet) et l’observer suivre son cours avant de la stopper (ex : le rattraper) rend ainsi possible l’insertion d’une seconde action, plus rapide, au milieu de la première. (ex : lancer, faire un tour complet sur un pied, puis rattraper)
S’ensuit
l’apparition du sens du rythme, interne (réalisation d’un acte moteur, fréquence gestuelle), ou
imposé par les conditions extérieures.
B)
Les équilibres sur matériel
Les objets tels que la boule, le fil de fer tendu, le rouleau américain, les échasses, les roues acrobatiques, le monocycle, l’échelle, la chaise, le bidon, … offrent de multiples possibilités d’équilibre (monter, tenir des postures, se déplacer, sauter, jongler, réaliser d’autres actions…, descendre) et a des effets sur :
·
La fonction de l’oreille interne (sens de l’équilibre)
L’équilibre peut être statique (auquel cas le centre de gravité se projette verticalement sur le polygone de sustentation (surface comprise entre les points d’appuis) ou dynamique (le déplacement est un déséquilibre constant).
Cela engendre une réflexion sur la répartition du poids (ex en station debout : se grandir), la notion de contrepoids d’un partenaire, la compensations des forces, la hauteur du centre de gravité (inversement proportionnelle à la stabilité), la maîtrise de ses émotions (stress), les possibilités de rattrapes.
Cette activité favorise la recherche de postures, l’indépendance des membres inférieurs par rapport au tronc, les transferts d’appuis, le contrôle de la respiration, la proprioception, la tenue de son corps.
C)
L’acrobatie
·
L’amélioration de qualités physiques telles que :
Le renforcement de la musculature
La tonicité (notamment avec trampoline,…)
La souplesse articulaire (maintien des aptitudes de l’enfant)
La résistance (dans les pyramides humaines, …)
·
L’intégration de placements
corporels :
Rétroversion du bassin
Ouverture des épaules et redressement du buste
Conscience des segments (alignement, pronation et supination de l’avant bras)
Prise
de repères avec la tête en bas
·
La perception de sensations :
Latéralisation (pied d’appel, sens de rotation longitudinal)
Maîtrise du risque
Maîtrise de l’appréhension – le cran
Ecoute de son corps (récupération)
·
Le contrôle du mouvement
Le mouvement est créé par l’action motrice adaptée :
· -une prise d’élan suivie d’un blocage en contact avec le sol du mouvement rectiligne
· -une poussée excentrée du centre de gravité
· -un transfert de moment cinétique (blocage d’une partie du corps en mouvement rendue solidaire à l’ensemble du corps)
· - la transmission des énergies externes (rebond, balancé) et internes (musculaires)
Son accélération s’effectue par réduction du moment d’inertie.
La conduite du mouvement implique l’orientation dans l’espace, le contact au sol, la coordination des mouvements et leurs vitesses d’exécution.
D)
L’expression scénique
Elle puise dans les techniques de clown, de mime, de jeu d’acteur et de chorégraphie.
Ces moyens d’expression corporelle permettent d’aborder les notions de présence, de placement du regard et de la voix, de réceptivité, d’occupation de l’espace, d’imitation, d’improvisation, et de précision du geste avec une ‘musique’ intérieure.
Recoupant de plus pour une grande partie des notions déjà citées précédemment (respiration, dissociation des segments, …), cette activité culturelle se trouve davantage placée sous la dominante artistique que nous explorerons tout à l’heure.
III) Dominante
comportementale
Nous incitons, à travers chaque activité, à une évolution du comportement.
Les dispositions à répondre par certains comportements, aux situations proposées dans l’activité permettent à l’enfant de se structurer autour de repères solides et de pouvoir transférer ces acquis dans la vie courante.
L’enfant construit ainsi sa personnalité, sur un plan individuel et dans ses relations (interindividuelles, sociales) au sein du groupe (autres enfants et adultes).
Le cirque est un outil privilégié pour favoriser :
A)
Au niveau individuel
·
La persévérance face aux difficultés
Elle va de pair avec la faculté d’observation, l’esprit d’analyse et l’esprit d’initiative pour élaborer des stratégies.
·
L’autonomie
Elle suppose la capacité à réfléchir, à s’adapter aux situations, à prendre une responsabilité et responsabiliser son autodiscipline, à s’auto-évaluer, à respecter du matériel, et à faire un choix, à gérer son temps.
·
La motivation naturelle et spontanée
Trouver le plaisir de faire engendre l’imagination, la créativité, la curiosité, l’ouverture d’esprit, la réceptivité, l’engagement personnel, la tendance à être volontaire, l’enthousiasme.
·
L’estime de soi
Le sentiment de valorisation donné par la réalisation d’un spectacle donne la confiance en soi nécessaire pour s’affirmer plus facilement et sans anxiété.
·
La solidarité
Elle émerge des bénéfices évident de l’entraide (ex : conseiller lorsque l’on sait faire) et de la coopération (ex : les parades, avec d’une part la confiance en autrui et d’autre part le respect de la sécurité des autres)
·
La communication
C’est avoir une écoute de l’autre, et savoir affirmer ses choix, ses goûts esthétiques en les explicitant et en les faisant partager.
Trouver ainsi une reconnaissance dans le groupe est un besoin fondamental.
·
Les notions de justice, d’équité,
de raisonnement moral
Ce dernier est classé par Weiss (1987) en cinq niveaux de progression pour l’enfant:
1- Le contrôle extérieur (pas vu, pas pris), 2- L’orientation (œil pour œil…),
3- La règle d’or (ne pas faire aux autres ce que l’on ne veut pas qu’ils nous fassent),
4- La conformité aux règles externes et enfin 5- Ce qu’il y a de mieux pour tous.
·
Un apport mutuel
Dans le respect des différences, chacun apporte sa richesse au collectif, ce qui développe la capacité d’élaborer des projets en groupe.
IV) Dominante artistique
Le cirque est un art.
Nous abordons chaque activité, et notamment l’expression scénique, en ayant à l’esprit toutes les possibilités d’éveil du sens artistique.
Bien qu’un enfant ne puisse être un artiste, la création chez l’un et l’autre a les mêmes composantes : une phase de recherche et une phase de représentation.
A)
La phase de recherche consiste en :
B)
Le spectacle
·
Les partenaires
Un numéro se monte en groupe, faisant appel a l’étude des types de relations avec des partenaires et intégrant un sens chorégraphique d’ensemble.
Participer à un spectacle sous entend d’accepter le regard d’autrui et d’apprendre à se présenter en s’adressant aux spectateurs (ne pas leur tourner le dos, mettre une action en valeur, …)
La production d’une représentation publique évite le repli sur soi-même et donne l’occasion de montrer un progrès, de devenir créateur (productions éphémères, aléatoire, variées) et créatif (productions élaborées).
V) Moyens pédagogiques
Les moyens d’actions de la mise en application de ce projet pédagogique sont le propre de l’animation :
A) Organisation des séances
·
Approche ludique
De même que le travail est l’activité sérieuse de l’adulte, le jeu est l’activité sérieuse de l’enfant.
Nos ateliers, répartis par groupes d’âge, présentent toutes les situations sous une forme ludique, puisant dans l’imaginaire.
·
Structuration, préparation et
planification des séances
La structure d’une séance suit l’ordre logique de l’accueil, l’échauffement, les ateliers, le temps autogéré, le rangement du matériel et les étirements propres à la récupération.
Elle est composée en respectant le principe d’alternance (effort/récupération, facile/difficile, de l’individuel au collectif, du quantitatif au qualitatif, du général au particulier) dans des situations modifiables par variantes, mais toujours récréatives puisque dans un but de détente.
Le temps d’autogestion permet aux enfants de reprendre à leur compte les situations proposées (plaisir, motivation) ou d’en inventer de nouvelles et d’accéder à l’autonomie décrite dans les effets comportementaux, tandis qu’il donne l’occasion aux animateurs de mieux cerner les envies et besoins de chacun pour s’adapter aux différences qui peuvent s’exprimer plus encore lors de ce moment privilégié.
·
Aménagement du milieu
L’organisation de l’espace doit prévoir :
Ø D’utiliser toute la surface disponible en rendant le lieu familier par des repères où l’on se reconnaît
Ø D’aménager le matériel adapté à la sécurité, pouvant présenter la notion de risque sans danger (ex : tomber à plat dos sur un tapis)
Ø De permettre, par un fonctionnement établi, l’occupation de tout le monde en même temps avec une sécurité passive (tapis) et active si besoin (présence de parade)
B) Mode de relation
·
Convivialité
Les rassemblements pour les temps d’explications, le dialogue permanent et ouvert, les promesses tenues instaurent un climat de confiance.
Des consignes simples, claires, précises, concises, pertinentes et efficaces doivent être comprises et appliquées.
La punition ayant peu d’intérêt, l’enfant est plutôt amené à prendre conscience des conséquences logiques de ses actes (ex : si je ne respecte pas la règle imposée par le groupe, alors je m’exclue du groupe)
·
Encouragement
·
Réflexion
La prise en compte des aspirations, goûts, acquis, manques, besoins (affectifs, cognitifs) de chaque individu rend émergent la nécessité d’une formation (connaissance des publics, des paramètres de l’apprentissage, …) et d’une expérience de terrain dans l’observation du groupe dans une approche interactive (individus / situations).
Bilans et remises en question doivent garantir la sécurité affective.
C)
Mode d’apprentissage
Nous utilisons plusieurs types de pédagogie :
· La pédagogie différenciée où chacun apprend à son rythme
· La pédagogie de la réussite par des exercices adaptés au niveau de chacun
(décomposition d’une difficulté en éducatifs élémentaires et mise en place de situations globales facilitantes (version ralentie du mouvement, aide extérieure, matérielle ou active))
· La pédagogie de la découverte (méthode d’enseignement active par essais - erreurs)
· La pédagogie de la situation (tâches avec consignes non définies, semi-définies,
définies)
Ce projet est visé par tout intervenant et mis en libre consultation pour les parents.
Le Bureau.